Je reviens de l'enfer

Je reviens de l’enfer (2017-2018)
Cantate pour soprano, chœur d’enfants et ensemble orchestral [30’00]
Sur les vers de Léon Leloir (1907-1945), composés « en style oral » à Buchenwald (1944-1945) [FR]

Commande des Archives Nationales

Création : Archives Nationales (Pierrefitte), 2017 ; version définitive : 9 avril 2018 ; Esther Labourdette, Orchestre de chambre Les Tempéraments • Yohann Recoules

À l’initiative du Service éducatif des Archives nationales, dans une démarche mémorielle, Pierre Chépélov a composé pour ce projet une œuvre originale à partir des écrits de Léon Leloir (fonds AJ72 2206) qui fut déporté à Buchenwald entre 1944 et 1945. La confrontation entre les élèves et le tapuscrit original du texte que possèdent les Archives nationales a constitué un des axes forts du projet.

Léon Leloir, né en 1907, belge, prêtre, enseignant, traducteur du grec, romancier, chroniqueur radio, résistant, aumônier du maquis des Ardennes, est arrêté le 4 juillet 1944 et déporté à Buchenwald. Pendant sa captivité, il compose, en alexandrins, des milliers de vers que, faute de papier, il retient par cœur. À sa libération en avril 1945, il les retranscrit, les publie, et meurt accidentellement en septembre 1945.

Écrite sur une sélection de vers de l’ouvrage éponyme de Léon Leloir (composés, de mémoire, en déportation à Buchenwald), l’œuvre musicale est structurée en cinq mouvements principaux, chacun autour d’un des thèmes décrivant la (sur)vie dans le camp : Arrivée (voyage en wagons à bestiaux et choc de la découverte du camp), Appel (les longues heures passées chaque jour sur la place d’appel, les punitions et exécutions publiques), Travail, Faim, Transports (en janvier 1945, l’arrivée de détenus depuis les camps de l’Est, lors des « marches de la mort »). Dans les courtes « Parenthèses », le détenu s’échappe – en esprit – du camp, évoquant la famille, l’espoir du retour, la foi, et l’Épilogue évoque la libération en avril 1945.

Le poème est rythmé par l’alexandrin, dont la coupe classique ménage ici une place inhabituelle au vocabulaire le plus trivial. La musique fait référence aux lieux communs musicaux de l’époque : marche, valse…, mais se veut d’abord au service du verbe, afin que, selon le vœu du détenu, son témoignage soit transmis aux générations à venir.

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